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"La Gazette de Monaco", ? 367, 15 mars 2004.
ARTS Les peintres russes du «Valet de Carreau» rassemblés pour la première fois à Monaco Les couleurs de l'anticonformisme.
La Fondation Ekaterina -en collaboration avec la direction des Affaires culturelles de la principauté, le Centre d'Etat des musées et expositions «Rosizo» du ministere de la Culture de la Fédération de Russie- présente quatre-vingts ouvres de peintres ayant appartenu a l'association «Le Valet de Carreau» : Kontchalovsky, Lentoulov, Machkov, Kouprine, Falk, Tatline, Larionov, Gontcharova notamment.
Les peintres du « Valet de Carreau » ou la création moscovite figurative du premier tiers du XXe siecle.
1910, l'exposition « Le Valet de Carreau » représenta l'un des premiers courants de l'avant-garde russe. L'art du « Valet de Carreau » fut, des ses débuts, influencé par la tradition cézanienne et postimpressionniste. Constitué en association, le Valet de Carreau connut une union précaire : Larionov et Gontcharova, portés vers des tentatives plus radicales, élaborerent les premiers systemes d'art abstrait, tandis que le noyau, constitué des fondateurs, ne quitta jamais la sphere figurative. Ce qui lui permit, ainsi, de réapparaître apres la Révolution sous diverses appellations et de traverser, uni, le vent de l'Histoire. Monaco présente une quinzaine de peintres russes dont une trentaine d'ouvres ont figuré dans les expositions du « Valet de Carreau » entre 1910 et 1917.
Au tournant du XXe siecle -alors que les Français convaincus du prestige de l'Empire achetent de l'emprunt russe- deux Russes saisis par la modernité : les industriels-mécenes Serguei Chtchoukine et Ivan Morozov s'entichent de peintures venues d'Occident. Leurs choix sont remarquables : Gauguin, Picasso, Matisse, Cézanne, Bonnard,Vlaminck. Les artistes russes ainsi familiarisés avec Cézanne, Matisse et le cubisme redécouvrent « le volume et la couleur des objets leur permettant de parvenir a une nouvelle synthese des formes et des couleurs », écrit l'historien d'art, le professeur Sarabianov. Les artistes russes viennent également étudier en France.
« Le Valet de Carreau » ne constituait pas une tendance uniforme, mais ses membres avaient adopté une vision du monde et de la couleur. « La couleur sidérait en enflammant le cerveau habitué a la peinture tranquille et monotone». (Autobiographie de Malevitch). Inculquer un sentiment de liberté, donner au travail une identité, faire entrer la vie dans l'ouvre, représenter le peuple qui en était exclu, affirmer un gout pour le folklore urbain: tel était le credo des artistes du « Valet de Carreau ».
L'histoire culturelle de la Russie marque un tournant en 1910 : l'association du Valet de Carreau en est une des composantes. Selon l'explication de Lentoulov, organisateur de la premiere exposition : « Dans le langage des diseuses de bonne aventure, le valet de carreau signifie la jeunesse et le sang chaud. » Les Fauves, Picasso, Braque ainsi que des artistes du « Blaue Teiter» (expressionnisme allemand) participerent en 1912 et 1913 aux expositions duValet de Carreau. La premiere exposition fut suivie de la création officielle du groupe qui se produisit régulierement jusqu'en 1916 et réapparut apres la Révolution en poursuivant ses activités. Malevitch, Gontcharova et Larionov, qui figuraient au nombre des premiers exposants, glissant des 1911 vers de futures abstractions, s'étaient éloignés du groupe le jugeant par trop cézanniste . « « Le Valet de Carreau » fut le premier volcan en éruption sur la clairiere du sommeil séculaire de l'art plastique », écrivit toutefois Malevitch.
N.B.-M.
* Les collections, nationalisées apres la Révolution, ont été réparties entre le musée Poutchkine a Moscou et le musée de l'Ermitage a Saint-Pétersbourg.
Exposition du 12 mars au 12 avrii, saiie d'exposition quai Antoine Ier de 10 h a 19 h, entrée libre et gratuite.
L'exposition est accompagnée de la projection de deux films sur Moscou. Scénographe : ElenaValentinova Kirtsova.
Réalisations de la Fondation culturelle Ekaterina.
Présente sur plusieurs fronts, la Fondation a assuré la publication d'une encyclopédie des travaux graphiques des artistes de la région de Moscou, présentée a la galerieTrétiakov et elle a participé a l'édition du catalogue de l'exposition « Kontchalovsky inconnu » aux éditions R.A. Elle soutient également une collection de monographies dédiées a O. Rozanova et L. Popova : «Les Amazones de l'avant-garde russe ». La Fondation Ekaterina a financé la restauration de deux églises : celle du « Don » et celle du « Miracle» et le chantier en cours de la cathédrale de Mytischy. En 2002, elle a été mécene de l'exposition de l'ouvre peinte de D. Sterenberg au centre des Beaux-Arts de Moscou, de l'exposition rétrospective « Kontchalovsky inconnu », au musée Pouchkine, et, en 2003, de l'exposition Art actuel a Moscou, proposant notamment les ouvres du mouvement Art-scene. En 2004, outre l'exposition de Monaco, la Fondation Ekaterina collaborera a la programmation d'expositions consacrées aux « Soixantards », au Musée russe de Saint-Pétersbourg et a la galerie Trétiakov de Moscou.